Chocolat belge fleuron de mon nouveau pays de résidence…
Arrivée imminente de Pâques impossible à ignorer face au martellement marketing dans la presse, les vitrines, l’atmosphère…
Pointe donc une question essentielle à ma curiosité : Pourquoi le chocolat belge a-t-il si bonne réputation ? Pourquoi dit-on que c’est le meilleur ? Dois-je me ruer chez Crevin (une des confiseries les plus réputées de Bruges)?
Explications.
Qu’est-ce qui différencie le chocolat belge du suisse et du français ?
Une simple histoire de combinaison d’ingrédients :
Les belges ont inventé le chocolat fourré.
En Suisse, on a rajouté du lait.
La France a toujours préféré le chocolat le plus pur possible.
Chocolat belge et Grande Histoire
Les belges en consomment 7 kg par an et par personne. Ils sont le deuxième exportateur mondial de confiseries chocolatées, et un des plus gros importateurs de fèves de cacao. Bref, le chocolat et la Belgique, c’est du sérieux.
En France, nous connaissons le chocolat belge via les marques industrielles comme Léonidas, Côte d’Or ou Neuhaus. Et non, Jeff de Bruges n’est pas de Bruges mais bien de l’Hexagone ! Mais ici, au Plat Pays, les artisans chocolatiers sont pléthore. Non seulement leur nombre m’impressionne, mais leurs vitrines surréalistes n’ont pas fini de me faire rigoler : répliques de clés à molettes, de guitares électriques, de bouteilles de bière …
A Bruges, Gand, ou Bruxelles, logique. Mais à Roedeverde, Beernem, Damme ou autre micro bled que seul votre GPS connaît ? Pourtant des maîtres chocolatiers y ont pignon sur rue, et leurs échoppes certes petites fleurent bon le cossu. C’est évident qu’ils en vivent confortablement.
Mais d’où vient cet engouement national, et pourquoi a-t-il traversé les frontières ?
Les origines
L’introduction du chocolat en Europe s’est produite en deux temps
Parmi ses expéditions, Christophe Colomb a accosté sur les rives du Honduras en 1502. La première découverte des fèves a eu lieu, mais considérant qu’elles n’avaient aucune utilité, l’explorateur les a dédaignées.
C’est plus tard, sous la bannière espagnole des conquistadores que la vraie découverte s’est produite.
Hernan Cortes a débarqué avec ses troupes sur les côtes aztèques. Ce peuple considérait le cacao comme un cadeau divin. Et l’arrivée des colonisateurs sur leurs terres leur a fait déduire que des incarnations des dieux du cacao les visitaient. Pour célébrer l’événement, les aztèques ont offert aux conquistadores un breuvage composé de cacao et de piment mêlé à de l’eau.
Fine mouche, Hernan Cortes a pressenti que l’étrange boisson pouvait servir à un commerce lucratif en Europe.
Le cacao arrive en Europe
A son retour, Cortes rapporte 1500 fèves de cacao et évoque sa découverte à Charles Quint. La requête du conquistador a été couronnée de succès, puisque quelques années plus tard des colons espagnols sont partis cultiver le cacao en terres aztèques.
Ils ont adapté la boisson trop épicée pour les papilles européennes : du sucre de canne à la place du piment et du lait au lieu de l’eau l’ont transformée en gourmandise très appréciée du Vieux Continent.
C’est là qu’intervient la Belgique : A l’époque, le port d’Anvers présentait l’énorme avantage d’être protégé des attaques anglaises. Il a servi d’abri aux premières grosses cargaisons de cacao. Et très vite, le pays s’est spécialisé dans les techniques de transformation des fèves. Le commerce du cacao était déjà florissant, et le chocolat belge réputé. Mais on le consommait exclusivement sous forme de boisson.
Pourtant la Révolution Industrielle a renouvelé la façon de déguster le chocolat.
Les premiers bonbons de chocolat
Parmi les grands noms du chocolat belge, Jean Neuhaus est le plus connu. On lui doit l’invention de la première praline, née entre les murs de sa… pharmacie .
Suisse d’origine italienne et médecin raté à cause de sa phobie du sang, il a ouvert son officine en 1857 dans la prestigieuse Galerie de La Reine à Bruxelles. Pour améliorer le goût des médicaments, il a eu l’idée de les enrober de chocolat.
Les confiseries thérapeutiques étaient nées, et ont tout de suite rencontré le succès.
Après son décès, son petit-fils Jean prend le relai. Son épouse propose alors d’introduire une gamme de confiseries où des fourrages sucrés remplaceraient les médicaments. Leurs rayons s’étoffent alors de bonbons de chocolats fourrés à la crème fraîche, au caramel, à la confiture, etc. Chaque chocolat est estampillé du « N » de Neuhaus, et l’opération fait fureur.
C’est également chez Neuhaus que le concept du ballotin a été inventé : ce petit paquetage soigné dans lequel on dispose les chocolats est d’ailleurs encore utilisé aujourd’hui.
Chocolat belge : pourquoi dit-on que c’est le meilleur ?
La réputation d’excellence du chocolat belge vient de la connaissance du produit qui remonte aux origines de son arrivée en Europe il y a 400 ans. Et du goût que les belges ont développé, puis gardé, de la petite gourmandise fourrée.
Pour tenir, les maîtres artisans ont dû rester à la hauteur des palais gourmets. Aujourd’hui, la majorité des chocolateries sont de petites entreprises familiales qui se transmettent leur savoir-faire d’une génération à l’autre. Elles ont su se perfectionner, se renouveler, adapter leur offre aux modes et aux aléas consuméristes.
Mais le secret de la qualité du chocolat belge repose sur quelques constantes intemporelles
La sélection minutieuse des fèves de cacao : Les fabricants de chocolat belge utilisent uniquement des crus de qualité supérieure issus de régions spécifiques.
La qualité des ingrédients : La teneur en cacao du chocolat belge est nettement supérieure à celle des chocolats produits dans d’autres pays. En théorie, le taux de cacao pour confectionner un chocolat fondant doit être de 35 %. En Belgique, ce taux est de 43 % minimum. En plus de la haute teneur en cacao du chocolat, l’utilisation de beurre de cacao pur entre dans la recette.
L’affinage : C’est le procédé qui permet d’obtenir la masse de chocolat la plus fine possible. Les étapes de broyage et de torréfaction sont particulièrement soignées. En Belgique, les fèves sont broyées à 12 microns, comme la réglementation officielle le stipule. Par comparaison, en Grande Bretagne le broyage se fait à 24 microns. Il faut savoir que plus la particule est fine, plus le chocolat est lisse en bouche.
Au final, le goût du chocolat belge est fin, équilibré, sucré et subtilement cacaoté.
Je ne sais pas vous, mais ça me donne l’eau à la bouche !
Quelques lieux à visiter
Choco Story : Wijnzakstraat 2 à Bruges: le Musée du chocolat
Belgian Chocolate Village : Rue de Neck 20 à Bruxelles. Un musée spécialisé dans l’histoire et la fabrication du chocolat ? Démonstrations et dégustations possibles.
Neuhaus : Galerie de la Reine 25 à Bruxelles. Bienvenue dans la boutique de l’inventeur de la praline ! Il en existe d’autres, mais celle-ci est l’originelle.
Le quartier du Sablon à Bruxelles : The place to be pour les amateurs de chocolat belge, les vrais les purs. Les plus grands s’y concentrent dans des boutiques plus chics et plus confidentielles que celles de la Grand Place. Avis aux amateurs éclairés
Alors, le chocolat belge est-il vraiment le meilleur du monde ?
Difficile à dire. Le mieux est de venir en Belgique et de vérifier!
Et vous, êtes-vous amateur de chocolat belge ou préférez vous celui de Suisse ?
N’hésitez pas à tout me dire en commentaires !
Merci de m’avoir lue et à bientôt sur Walkaway.
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