Il y a un temps pour chaque chose. Celui d’avant le confinement incitait au mouvement, à l’action. Celui du confinement est de se poser, ce qui ne signifie pas que tout est bloqué. Nos déplacements physiques le sont, en aucun cas nos pensées. Le confinement est le temps de l’inventaire et du constat. De faire le point sur l’essentiel, du lâcher-prise et du laisser partir.
Lâcher prise et laisser partir ce qui doit partir.
Cette période qui me rend statique par obligation me fait réfléchir à ce qui stagne dans ma vie.
Empêchée de bouger, je réalise que parfois le voyage n’est pas forcément de partir, mais plutôt d’apprendre à laisser partir ce qui le doit.
Mouvement intérieur quand dehors c’est la paralysie.
Qu’est ce qui va dans ma vie? Qu’est-ce qui ne va pas? Tant de souvenirs meublent les murs de ma maison, synonymes d’un passé révolu auquel je m’accroche illusoirement, persuadée qu’ils sont capables de ressusciter les instants bénis. Ils ne sont pas des réactivateurs de joie, mais des cristallisoirs de nostalgie car lorsque je les regarde, je vois ce qui n’existe plus. Ça me fait pleurer au lieu de me remonter le moral.
Pourtant des instants bénis, le présent chaque jour m’en offre des myriades pour peu d’y être ouverte. Ceux d’hier ne sont plus. Et alors? En quoi les avoir vécu devrait m’empêcher d’être réceptive à ceux d’aujourd’hui? Pourtant non, le passé m’obsède. Ma volonté s’acharne à espérer le revivre à l’identique, au point d’occulter la réalité superbe du présent.
Il en va de même avec les gens.
Au nom d’une période idyllique, j’accepte trop souvent mépris et récriminations. Je fais le dos rond, persuadée que tout reviendra comme « avant », pendant la lune de miel, quand tout allait bien. Pourtant ça fait des années que ça va mal. Mais j’ai besoin d’y croire, sinon je m’effondrerais. Et dès que mon bourreau se radoucit, comme un bon chien loyal je reviens me coucher à ses pieds. J’oublies sa main qui m’a frappée. Seule compte son attention retrouvée, car elle me réhabilite en tant que personne digne de valeur. Je sais bien que les coups reviendrons. Mais tant pis si ça me détruit, j’ai trop peur de ne plus être aimée.
Qu’est-ce que je veux restaurer aussi désespérément? Je me mens à moi-même, autant qu’aux autres, en me racontant que cette personne est bonne alors qu’elle m’est nocive. Je veux le croire, qu’elle est bonne, alors je me raconte que c’est moi qui suis mauvaise. Et les autres ne comprennent rien quand ils disent le contraire, quand ils disent que l’amour fait du bien, que sinon c’est de la névrose.
Pourquoi donc m’accrocher à ce qui me détruit aujourd’hui, au prétexte qu’hier cela me convenait? Je me sens prisonnière d’une geôle dont je détiens la clé.
Entre les quatre murs de ma maison, je comprends que je l’aime parce qu’elle est moi. Et que je suis malheureuse parce qu’elle est un moi révolu.
Je ne suis plus celle qui l’a investie. Aujourd’hui les ombres qu’elle contient me plombent. Oui, avant, elles étaient mon abri, me protégeaient d’un rayonnement exagéré et de l’errance existentielle. Mais aujourd’hui ma peau trop blanche a besoin de soleil. Et ce soleil, qui pointe le matin à travers les branches du chêne, m’effraie autant qu’il m’attire. Il est la vie, au fond de moi je le sais. Mais je préfère encore l’ombre qui me délite à la lumière qui me grandit. J’ai peur d’ouvrir en grand mon cœur et mes fenêtres, de lâcher prise, d’accepter de regarder partir les ombres qui m’évitent de croître. Elles m’empoisonnent depuis si longtemps…Que deviendrai-je sans elles? Leur départ renierait tout ce en quoi j’ai cru.
Pourtant ma pulsion de vie prend le dessus.
J’ai lu quelque part que s’accrocher, c’est croire qu’il n’y a qu’un passé. Tandis que lâcher prise , c’est savoir qu’il y a un avenir.
Alors malgré ma peur, j’ai fait le tour de mes placards, de mes amis, de mes amours. J’ai fouillé dans tous les recoins. Tout étalé sur le plancher blond de la salle à manger. Tout, tout, tout ce qui compose mon ancien Moi. J’ai pris le temps, très doucement. J’ai mis d’un côté ce qui correspond toujours à celle que je suis aujourd’hui.
De l’autre côté j’ai regroupé le reste, d’abord très triste de ce qui aurait dû être, mais qui n’a pas été. J’ai fini par admettre que ça ne sera pas. Cette étape fut la plus douloureuse. Puis, un à un, j’ai remercié chaque élément du passé pour ce qu’il m’a apporté. Et je lui ai expliqué qu’il resterait à jamais en moi, mais que je ne le retiendrais pas plus, car sa mission était remplie. J’avais un peu peur, toujours, mais le besoin d’évoluer m’a poussée. L’envie de vivre véritablement, de faire une place au bonheur.
J’ai lâché prise. J’ai ouvert mes mains. J’ai laissé partir ce qui représentait mon ancien Moi. Avec gratitude et résolution, malgré les larmes. Après je me suis sentie légère.
Les vestiges de mon passé sont devenus de jolis souvenirs. et je suis maintenant reconnectée au flux vibrant du présent. Il n’est pas parfait, mais il est plein de promesses. Et surtout il a cessé d’être en ruine. J’ai retrouvé l’entrain, et l’envie d’aller voir. Tant de choses inconnues m’attendent que j’ai hâte d’être à demain.
Peut-être que cette histoire n’est pas tout à fait moi. Peut-être qu’elle est aussi certains ou certaines d’entre vous qui me lirons.
Nous sommes tous un, nous sommes tous liés. Alors ensemble, tous ensemble chacun à notre manière, lâchons prise, laissons partir ce qui le doit, gardons seulement ce qui nous fait du bien. Comment trier? Étalez tout, posez le à plat sans faux-semblants. Remerciez ce qui ne vous sert plus, pour ce que ça vous a apporté de bon. Laissez le continuer son chemin, ailleurs, avec d’autres. Gardez seulement ce qui vous apporte un surcroît de vitalité, car c’est ça qui est vous. Le confinement est le moment idéal pour faire ce bilan.
L’après-confinement sera le temps d’un nouveau voyage. Équipés de l’essentiel, alignés en notre âme et conscience, nous serons équipés pour aller très très loin, très très haut.
Et vous, que faites-vous pendant le confinement? Etes-vous prêts à lâcher prise? N’hésitez pas à partager votre avis en commentaire. Très bon voyage intérieur à tous.
Merci au blog Matin Magique et aux conversations surprises par hasard de m’avoir inspiré ce post.
Vous avez envie de vous changer les idées? Allez jeter un coup d’œil sur mon post Comment s’occuper chez soi pendant le confinement coronavirus?
Merci de ce partage qui touche forcément à un endroit ou à un autre chacun d’entre nous.
La vie crée des ombres occultant la lumière, même si elle se laisse entrevoir au travers du feuillage d’un chêne et elle nous porte aussi vers cette lumière, soutenu par les beaux atours intérieurs dont elle nous a dotés.
Lâcher-prise, c’est peut-être savoir qu’il y a un à venir, et peut-être un présent simple à vivre lumineux.
Ce que tu dis est très juste, Katerine. Merci à toi!