Alors que je me baladait du côté de la mythique forêt de Brocéliande en Bretagne, j’ai fait une petite halte dans le village de Paimpont . Outre son abbaye fameuse, son Office du Tourisme mérite une visite car il propose toujours de superbes expositions temporaires d’illustrateurs renommés (Brucero, Olivier Ledroit, David Balade, etc.). Et dans la boutique, de nombreux ouvrages fantasy sont proposés à la vente. C’est ainsi que je suis tombée sur « Ysambre » de Séverine Pineaux et Mickaël Ivorra.
Fascinée par les tons sépia et l’esthétique étrange des dessins, je me suis laissée emportée par l’histoire.
Alors bien sûr, je vous embarque dans l’aventure !
« Ysambre » en résumé
« Ysambre » est constitué de deux tomes : « Le Monde-Arbre » et « la Femme Graine ». Ils se complètent, mais on peut les lire indépendemment l’un de l’autre.
« Ysambre » tome 1 : « Le Monde-Arbre »
Ysambre est le nom d’une forêt obscure à la réputation inquiétante. Le jeune Alcyde part l’explorer en quête de son père disparu, dont il a retrouvé quelques pages de journal de bord.
Il y rencontrera Salliah et de nombreuses créatures fantastiques. Des Sylphes, mi femmes-mi végétal, aux pouvoir empathiques étonnants et bien d’autres êtres hybrides indéfinissables. Les deux personnages seront amenés à vivre d’étranges aventures qui les rapprocheront d’eux-mêmes et de l’esprit d’Ysambre.
« Ysambre » tome 2 : « La femme Graine »
Le tome 2 d’« Ysambre » nous emmène dans l’intimité de la matrice forestière. On y retrouve Alcyde et Salliah ainsi que d’autres protagonistes du 1er tome. Les jeunes gens sont menés à réaliser que l’écosystème d’Ysambre est entrain de se dégrader. Chacun de leur côté, ils vont tout faire pour prévenir le désastre annoncé. Ce sera l’occasion pour eux de découvrir des facultés insoupçonnées et des vérités inimaginables.
Pourquoi j’ai aimé « Ysambre »
Pour la forme
J’adore le côté kaléidoscopique d’ « Ysambre », à la fois livre illustré, vieux grimoire médiéval, journal de bord scientifique et art book.
Par moments on lit les extrait d’un vieux journal de bord aux pages jaunies et déchirées. D’autres fois on est face à un rapport scientifique envoyé par email. Ou alors les lignes d’écritures se recourbent pour nous faire entrer dans le flou onirique des personnages endormis. Sans parler des « documents officiels », coupures de presses, parchemins, etc.
Il y a aussi les croquis sur papier calque, qui jouent les transparences, les apparences et les frontières. Et la beauté étrange des illustrations de l’artiste Séverine Pineaux (lien vers son site ici ) dont l’œuvre est entièrement inspirée par la mythologie celte, les contes de fées, les liens entre les spiritualités anciennes et la science moderne.
Pour l’histoire
L’histoire d’ »Ysambre » est aussi étrange que la forêt dans laquelle elle se déroule. Il faut se laisser emmener, un peu comme dans un rêve, et accepter d’être dérouté, parfois totalement perdu dans l’entrecroisement des voix narratives et des temporalités.
Alternativement dans l’esprit d’un jeune garçon en quête de son père, d’une charmante fuyarde, d’un chasseur impitoyable, du vieux Nihm. Mais aussi dans les coulisses d’une mission scientifique. Dans le présent, dans le passé. Dans la forêt, dans une organisation scientifique contemporaine.
Qui sert l’autre, du texte ou du graphisme ?
Impossible à dire. Ce qui est sûr, c’est la cohérence de cette ambiance étrange, inquiétante, magique et fascinante. Pour ma part, j’ai dû relire deux fois les livres pour comprendre l’intrigue. Mais ça ne m’a pas gênée, tant la beauté des illustrations suffit à embarquer l’imagination. Chaque planche mérite une attention détaillée pour son esthétique, mais surtout pour l’inventivité des créatures végétalo-animalo-mécaniques sorties de l’imagination de Séverine Pineaux.
Vous aimerez « Ysambre » si…
Si l’étrangeté et le fantastique vous attire, l’intrigue autant que les illustrations vous emmèneront loin de la logique et du quotidien.
Et si vous êtes sensible à la beauté de la nature, elle est ici représentée avec somptuosité, respect et profonde considération. Sans doute une réminiscence de la sensibilité de Séverine Pineaux aux croyances celtiques.
« Ysambre » est un conte merveilleux, une fable fantastique qui évoque l’hybridation de la science et de la nature. Le thème est ici traité par deux artistes ouverts à toutes les réalités. On est dans l’onirisme steampunk, dans l’imaginaire pur. Pourtant le propos écologique et l’évocation des apprentis-sorciers dépassés par leurs expérimentations est totalement d’actualité !
À lire pour se perdre dans la forêt de nos rêveries et pour retrouver le chemin vers la nature. Prêt pour l’exploration ?
Et vous, connaissez-vous Ysambre ? Dites-moi tout dans les commentaires.
Merci de m’avoir lue et à bientôt sur Walkaway.
Pour vous procurer les livres:
C’est ici pour le tome 1 « Le Monde-Arbre »
Et ici pour le tome 2 « La Femme Graine »
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Crédit photos: archives personnelles (tous les dessins sont de Séverine Pineaux)