« Le mage du Kremlin » , de Giuliano da Empoli , a émergé du papier cadeau couleur kraft que j’ai déchiré sans pitié le soir du réveillon. Merci père Noël !
A peine parcourue la quatrième de couv’, que j’ai été pressée de plonger dans la lecture. Et quand j’ai enfin pu satisfaire ma pulsion bouquinique, je n’ai pas réussi à lâcher avant la fin cette histoire tumultueuse de coulisse du pouvoir russe, de spin doctors taiseux et d’oligarques aveuglés!
« Le Mage du Kremlin » en résumé
Un journaliste français enquête sur Vadim Baranov, dit « Le Mage du Kremlin », ancien metteur en scène et homme de télévision devenu l’éminence grise de Poutine. Depuis sa démission, les légendes sur son compte se multiplient.
La rencontre entre le narrateur fasciné et l’Homme de l’Ombre finit par avoir lieu. Baranov raconte son histoire.
Les origines du « Mage du Kremlin »
Pour son premier roman, l’auteur et politologue Giuliano da Empoli s’est inspiré de Vladislav Sourkov, spin doctor de Vladimir Poutine jusqu’en 2021. Les autres personnages sont réels, tout comme les événements relatés.
Giulano da Empoli s’est fait connaître par « Les ingénieurs du Chaos » , un essai consacré aux conseillers des leaders populistes et traduit en douze langues. Autant dire qu’il connaît les coulisses du pouvoir et de la géopolitique.
Il a découvert Sourkov lors de ses recherches, et dans un article paru dans le journal Le Monde, il déclare avoir trouvé le personnage tellement romanesque qu’il l’a poussé à sortir de l’essai pour écrire de la fiction. (Cliquez ici pour parcourir l’article).
Pourquoi j’ai aimé « Le Mage du Kremlin »
J’ai adoré ce page turner brillant et percutant.
En fond
Nous avons la mécanique interne de la logique poutiniène, qui permet de saisir le cheminement qui a mené jusqu’à l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Bien que terminé début 2021, « Le Mage du Kremlin » apporte un éclairage pertinent sur l’actualité géopolitique.
En tant que lectrice occidentale, j’ai apprécié d’avoir le point de vue de « l’adversaire » et d’avoir une idée de la façon (souvent peu reluisante) dont nous sommes perçus par l’élite russe.
Et la retranscription de l’ambiance de cour autour de Poutine qui, dans le livre, est surnommé « le Tsar » est digne de Game of Thrones ou des Rois Maudits …
Concernant la forme
Je dois dire que le style organique de l’auteur m’a enchantée.
Non seulement il écrit en spécialiste de la politique, mais il sait inventer des métaphores aussi intelligentes que charmantes.
Par exemple page 105 :
« La ville animale sentait que la morsure de l’autorité s’était relachée »
Ou page 273 :
« Au fond, comme disait Brodsky, le dictateur n’est qu’une version ancienne de l’ordinateur »
Le rythme est évidemment au rendez-vous
J’ai beaucoup aimé découvrir le cheminement du héros.
D’abord admiratif du potentiel du jeune Poutine. Puis aveuglé par son propre égo, en parallèle à l’apogée de son « patron » . Et finalement désenchanté, lucide, riche d’une vision plus large de l’avenir du pouvoir.
Des certitudes dont l’écho avec l’actualité font froid dans le dos.
Mes conseils
Si le pouvoir, la politique et le peuple russe vous intéressent, jetez-vous sur « Le Mage du Kremlin ». C’est bien plus qu’un roman bien écrit.
Vous avez là une rare porte ouverte sur les coulisses habituellement verrouillées de la mécanique populiste. Et l’occasion précieuse d’une prise de conscience sur le cynisme intemporel du pouvoir, sur l’art peu reluisant de la guerre.
Vous voulez lire un livre qui donne envie de rester vigilant en matière de libre arbitre et de manipulation des esprits ?
Alors lisez et faites lire « Le Mage du Kremlin » sans hésitation.
Merci de m’avoir lue et à bientôt sur Walkaway.
Pour vous procurer le livre
- Rendez vous chez votre libraire préféré avec les références suivantes: « Le Mage du Kremlin » de Giuliano da Empoli, éditions Gallimard (collection blanche), paru en 2022, 20€
- En ligne: cliquez sur ce lien
Vous avez aimé cette chronique de lecture? Vous aimerez peut-être
« Veiller sur elle » de Jean-Baptiste Andrea
« Guadeloupe l’île sans eau » de Thierry Gadault et Marc Laimé
« Faillir être flingué » de Céline Minard
« La Cité perdue du Dieu Singe » de Douglas Preston
« La Vengeance du pardon » d’Éric- Emmanuel Schmitt
C’est le cœur qui lâche en dernier
Crédit photos: archives personnelles
Cet avis de lecture n’est pas affilié ni sponsorisé.