« Trio » de William Boyd

"Trio" de William Boyd sur sable

Dimanche dernier, j’avais rendez-vous pour boire un verre avec ma copine Sophie. A peine arrivée, elle a posé un pavé rouge, noir, bleu sur le guéridon bancal qui a fait rebondir ma Despé et renversé un peu de mousse sur la couverture. C’était « Trio », de  William Boyd.

« Lis ça! m’a-t-elle ordonné en tartinant ses bras de crème solaire. « Tu vas adorer, c’est sûr! ». Moyennement convaincue, j’ai tout de même emporté l’opus, et par curiosité, j’ai fini par l’ouvrir.

Sophie avait raison. J’ai adoré « Trio ».

« Trio » en résumé.

1968, en Angleterre. Effervescence, Swinguin’Sixties, l’été règne à Brighton.

Trois personnages sont réunis par le tournage mouvementé d’un film invraisemblable.

Talbot Kydd, le producteur à toutes épreuves qui doit faire face aux changements de scénarios, vols de pellicule, caprices de stars, grosses trahisons et autres aléas inhérents à sa profession. Mais ses brûlures d’estomac sont surtout dues à son homosexualité non assumée, qu’il s’obstine a cacher derrière son mariage de façade.

Anny Vinklund, la jeune actrice en pleine gloire, qui carbure aux médicaments pour anesthésier son angoisse. Elle papillonne entre ses deux amants sans trop savoir pourquoi. D’un côté Troy, le beau gosse toujours prêt et étoile montante du film, et de l’autre l’ombrageux philosophe Jacques  Soldat. Mais son ex mari réapparait. Terroriste en cavale, il traine dans son sillage la CIA et les ennuis.

Elfrida Wing, l’épouse du metteur en scène Reggie « Rodrigo » Tipton, bloquée depuis dix ans par le syndrome de la page blanche. Ancienne romancière à succès, elle essaie de renouer avec l’inspiration à coup de gin, de vodka, ou de vinaigre blanc. Persuadée que la dernière journée de vie de Virginia Wolf lui insufflera une œuvre best seller, elle passe outre les conseils de son entourage et suit la piste à sa façon imbibée.

Livre "Trio" ouvert sur fouta bleue

Mon avis sur « Trio ».

A peine ouvert , ce livre m’a happée par son rythme effervescent. Mélange de loufoquerie et de cynisme, c’est aussi la peinture d’une époque déjantée et révolutionnaire.

 Le Londres de 1968, raconté par le prisme de trois cabossés.

Qui essaient comme ils peuvent de tirer leur épingle du jeu.

Talbot a à peine conscience de son homosexualité, et joue le jeu du conformisme alors que la loi anglaise vient juste d’évoluer en sa faveur.

Anny l’actrice, à force de jouer la comédie, est une icone adulée qui ne sait plus qui elle est.

Dans sa ouate saoulocrate, Elfrida fuit autant la panne d’inspiration que la pression sociale. Elle se croit dissimulée derrière sa frange et le manque d’intérêt de son mari. Mais personne n’est à l’abri de lui-même.

« Trio » raconte la mutation de trois êtres en transition.

Tous trois clivés par les valeurs de leur époque, ils donnent le change en jouant le rôle attendu. Mais tous trois attirés par le vent de liberté soixante-huitarde qui décoiffe les idées, chacun avance à sa manière vers sa vérité. Dans la brume d’un épisode psychotique, l’humiliation d’une dispute ou la fuite en avant, les expériences mènent chaque personnage à se délester de son masque.

Pour le meilleur ou pour le pire.

"Trio" de William Boyd, tranche sac fouta plage

J’ai aimé « Trio » pour:

J’ai aimé « Trio » pour ses héros paumés et touchants, tous d’un intérêt égal alors que leurs personnalités sont totalement différentes.

Pour l’ambiance folle qui se dégage du tournage du film, grâce aux intrigues secondaires avec les figurants ou employés. Le métier de producteur n’est pas de tout repos, et les mésaventures de Talbot font swinguer le récit à un rythme haletant.

J’ai adoré l’humour british de William Boyd. Caustique, brillant, imaginatif, très drôle, son roman se lit d’une traite. Mon conseil: sur canapé, chilienne, fouta, hamac, n’hésitez pas un instant à faire connaissance avec ce « Trio » réjouissant.

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Pour vous procurer le livre

  • Rendez-vous chez votre libraire indépendant préféré. Avec les références: « Trio » de William Boyd, traduction de l’anglais par Isabelle Perrin. Editions Seuil, 22€
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Photos: archives personnelles

Je vous souhaite une excellente lecture. A bientôt sur Walkaway!

"Trio" William Boyd gros plan