Petite randonnée en Bretagne: le Port du Lyvet

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Aujourd’hui je vous emmène au Port du Lyvet, pour une jolie balade en bord de Rance.

Il fait si beau ce samedi que les croquenots de rando me font de l’œil. Aller, je pars. Envie de voir de l’eau. Ce sera le mignon petit Port du Lyvet, qui appartient à la commune de Saint Samson sur Rance.

Situé juste avant l’écluse du Chatelier, qui marque la limite entre la Rance maritime et la Rance fluviale, il est connu pour accueillir chaque été (en temps normal…) le festival de musique Festi Rance.

Un parking gratuit permet de stationner juste à côté des départs de sentiers balisés. On peut aller soit direction Taden, soit vers Plouer. J’ai pris l’option Plouer à cause de l’ensoleillement du versant au moment de mon arrivée. Tant qu’à faire, autant profiter de la (discrète) chaleur.

Je longe donc la Rance côté maritime, laissant le Port du Lyvet derrière moi.

Le sentier est bordé de petits cabanons brinquebalant sur leurs pilotis grêles.

Utilisés pour la pêche au carrelet pendant les années soixante-dix, ils sont construits en planches de châtaigner et bois de récupération. A cette époque, cette méthode de pêche était souvent utilisée sur les berges de la Rance. Un filet carré, tendu par deux tiges croisées de châtaigner, était immergé puis remonté pour relever le poisson.

Aujourd’hui à l’abandon, ces délicates constructions apportent un charme suranné au paysage vert-de gris.

Vase, mousses, algues, bois, roches scintillent sous le soleil.

Très peu de monde qui se promène. Je décide de descendre au ras de l’eau.

Un bateau pêche promenade ride les flots tranquilles et dérange les mouettes, puis tout redevient calme. Je m’enfonce à mi- chaussures dans la vase, traverse des chemins d’algues vertes et de graminées sèches, escalade quelques rochers glissants juste en dessous d’ arbres aux racines nues.

Ce n’est plus tout à fait l’hiver, pas encore le printemps. Un instant d’entre-deux, incertain et unique.

Je le goûte lentement, m’arrête tous les dix pas, pour admirer le ciel ou écouter les bruits. Feuillages qui bruissent au dessus de ma tête. Clapotis mous de la Rance au jusant. Rire des mouettes, et un ou deux d’enfants.

Je poursuis jusqu’au pont ma flânerie fluviale.

Le viaduc ferroviaire de Lessard me toise de ses 32 mètres de haut. Construit fin dix-neuvième pour relier par les rails la Bretagne à la Normandie, bombardé en 1944, reconstruit, c’est un survivant. Et un impressionnant tour de force architectural, avec sa grande arche de béton armé.

Pause thermos à son pied, le temps de surprendre un cui-cui de pinson et un autre de pic épeiche. Er puis il faut rentrer. La faute, comme d’habitude, au couvre-feu de 18h.

Je m’accorde cependant le loisir d’une mini sieste. Un banc de pierre tout chaud m’a appelée au moment où j’ai regagné le chemin balisé. Il se serait vexé de mon indifférence… Ah que c’était bon, ce granit tiède le long de mon dos, et ces rayons de miel sur mes joues engourdies.

Un cycliste m’a réveillée, éclaboussant de boue mon futal déjà bien moucheté de vase. J’ai attrapé mon sac à dos. Et quitté le banc tiède, les cabanons mourants, la berge gagnée par l’ombre. Retour sur le parking, retour à la routine.

Jusqu’à ma prochaine escapade, évidemment.