Les bienfaits de l’écriture manuscrite

Ambiance écriture manuscrite: main qui écrit sur un carnet posé sur les genoux. Arrière plan gazon.

L’écriture manuscrite peut sembler un sujet incongru à l’heure du tout numérique et de l’émergence de ChatGPT.

Pourquoi se fatiguer à tracer des lettres, des mots des phrases soi-même, alors qu’il suffit de taper sur un clavier ? Pourquoi s’évertuer à faire couler ses pensées sur le papier, quand avec trois mots clés l’IA pond en deux secondes un plan cohérent d’article assorti de paragraphes détaillés ?

Bref, pourquoi faire l’effort de produire physiquement des contenus écrits quand une extension numérique de nous-même plus efficace peut s’en charger ?

Je précise que je n’ai rien contre la technologie digitale ni l’IA. Elles facilitent ma vie professionnelle.

Les traitements de texte, correcteurs d’orthographe, logiciels d’analyse SEO sont les amis précieux de mon activité de rédactrice web. Je ne connaît pas encore bien l’IA, mais son potentiel m’intéresse. Ce sont les outils de notre temps.

Les apprivoiser, s’adapter sont aussi nécessaires pour survivre dans la jungle du web que stimulants pour ma curiosité et ma créativité.

Mais je suis aussi une fan de journaling, de dessin, de couture, de DIY

J’aime partir d’une idée abstraite, et lui donner un corps avec mes mains. Créer, fabriquer, façonner par moi-même me procure plaisir et plénitude.

Blogueuse et rédactrice le jour, j’écris sur mon clavier.

Ça ne m’empêche pas d’attraper mon carnet et mon stylo une fois le soir venu ou pendant mon temps libre, pour un moment jubilatoire de petite fête intime.

Écriture manuscrite et écriture tapuscrite se complètent. Elles ne servent pas les même causes. Mais ont toutes deux leur place dans nos existences brouillonnes d’homo sapiens pas sages.

Aujourd’hui la tendance est au tout digital, donc au tout tapuscrit. J’ai juste envie de rappeler les bienfaits apportés par l’écriture manuscrite, pour rétablir une sorte d’équilibre, pour lui redonner l’attention qu’elle mérite.

Ambiance écriture manuscrite: Tasse de café bleue, carnet, stylo

Écriture manuscrite et bienfaits sur le cerveau

L’écriture manuscrite est plus coûteuse en termes de temps, mais aussi en terme d’énergie. Écrire avec un stylo sollicite également davantage le cerveau que l’utilisation du clavier.

Selon Jean-Luc Velay, chercheur au CNRS, l’écriture sur clavier et l’écriture manuelle ne sollicitent pas les même zones du cerveau ni les mêmes processus cognitifs. Écrire à la main active les zones frontales, occipitales et pariétales. Et dans le même temps, le thalamus et le cervelet sont stimulés. Ce qui favoriserait les connexions neuronales entre ces différentes régions cérébrales.

Pourquoi ? Parce qu’on regarde ce que l’on fait pendant qu’on écrit. Une coordination entre l’œil et la main s’opère et on sollicite plusieurs modalités sensorielles pendant une même activité. Alors que lorsqu’on tape sur un clavier, les doigts sont déconnectés du regard posé sur l’écran. De plus, l’action est beaucoup moins complexe que pour l’écriture manuscrite : il s’agit simplement de poser les doigts à des endroits précis.

Maîtriser la dactylographie est une habilité bien pratique au quotidien, certes. C’est juste qu’elle stimule beaucoup moins notre cerveau que l’écriture manuscrite.

Écriture manuscrite, processus de mémorisation et apprentissage

L’activité cérébrale engendrée par l’écriture manuscrite est plus propice à la réflexion et aux apprentissages. Et c’est valable à n’importe quel âge.

  • L’écriture à la main permet une meilleure mémorisation des lettres, des mots et des nombres. Pour apprendre à écrire, la mémoire visuelle ne suffit pas. Tracer les lettres à la main fait intervenir le corps qui produit le geste. Cette mémoire du corps, appelée sensoriel-motrice, permet une meilleure reconnaissance et identification des mots (c’est le corps qui apprend), et favorise la mémorisation de leur orthographe. Lorsqu’on écrit un mot à la main, on trace des lettres dont les formes sont toutes différentes. Donc le geste qui produit le tracé est différent. Mais si on tape le même mot à l’ordinateur, le geste revient toujours à taper sur une touche même si elles sont placées à des endroits différents.

  • Prendre des notes à la main oblige aussi à s’approprier les informations en les sélectionnant et les reformulant pour les retranscrire sur le papier, étant donné qu’on écrit plus vite au clavier. Écrire des lettres et des mots va prendre sens dans l’esprit, alors que ce n’est pas le cas en tapant sur des touches de clavier qui se ressemblent toutes. Dans un amphithéâtre, le test de demander aux étudiants qui ont noté à la main, et à ceux qui ont écrit à l’ordinateur de quoi traitait le cours est frappant (Etude Mueller et Oppenheimer de  2014).

Ambiance écriture prise de notes: table carnet stylo

L’écriture manuscrite stimule la créativité

Le New York Times a publié une enquête en 2022 montrant que l’écriture cursive favorise la synchronisation cérébrale entre les hémisphères droits et gauches. Écrire avec un stylo produirait les mêmes effets sur le cerveau qu’une méditation.

Or on sait que la pensée créative nécessite la connexion de différents types d’idées (pensée analogique).

L’écriture manuscrite comme outil thérapeutique

Comme le geste artistique en peinture, le geste de l’écriture réveille l’hémisphère droit du cerveau. C’est la zone de l’intuition, de l’irrationnel, de l’inconscient.

À travers l’écriture manuscrite, et parfois la graphothérapie (rééducation des troubles scripteurs tels que l’écriture illisible, lente ou douloureuse), les souffrances et blocages remontent en vrac à la surface, se libèrent et s’exposent sur le papier, se remanient sous forme d’histoires. Le processus est impressionnant d’efficacité pour atteindre un mieux-être psychologique et faire revenir la confiance en ses capacités de résilience.

D’ailleurs le Centre de recherche en Psychologie de la Connaissance, du langage et de l’Émotion (Aix-Marseille) a publié un article consacré aux effets de la thérapie écrite sur la santé physique. Les chercheurs se basent sur un panel d’études, dont celles du précurseur James Pennebaker dans les années 1980. Ils constatent que les bénéfices de la thérapie par l’écriture sont plus intéressants que ceux d’une psychothérapie longue longue ou qu’une prescription médicamenteuse.

(Cliquez ici pour lire l’article)

Ambiance écriture manuscrite: stylo plume et mots écrits

L’écriture manuscrite favorise lien social et engagement

A l’ère des SMS, e-mails et autres chats, le caractère unique du petit mot écrit à la main qu’on reçoit de quelqu’un nous touche particulièrement.

L’écriture manuscrite « artisanale » et personnalisée a toujours une valeur dont la tapuscrite « standardisée » est dépourvue. Pour preuve : les signatures en bas de pages de contrats importants, ou les dédicaces d’auteurs pour lesquelles on est prêt à faire la queue pendant des heures.

Dans la sphère sociale, l’écriture manuscrite est encore détentrice de la notion de lien intime, d’engagement sérieux. D’une attention ou d’une valeur toute particulière accordée à son/sa destinataire.

Comment pratiquer l’écriture manuscrite dans un monde numérique ?

Notre quotidien accessoirisé de Smartphones, de PC, d’appli de notes de type Trello détourne complètement l’écriture vers les outils numériques. On communique par SMS ou par e-mails, en instantané et en direct. On rédige avec Word, on copie-colle, on supprime, on reformule, on peaufine, on envoie en pièce-jointe. Rapide, simple, efficace. Redoutable.

La démarche de sortir un stylo, un carnet ou un papier et de s’asseoir pour écrire demande effort, temps, conscientisation. Et pourtant…

Pourtant pas forcément :

  • Lister ses courses sur un bout d’enveloppe déchirée, c’est rapide. Et le cerveau bénéficiera quand même de l’activation des différentes zones liées à l’écriture manuscrite. La coordination œil- main en profitera aussi.

  • S’organiser avec un bullet journal, y inscrire manuellement nos tâches, nos listes, nos idées, etc, nous facilite considérablement la vie.

  • Un petit carnet dans la poche ou un sac est un gigantesque réservoir à idées. C’est pratique. Malmené, écorné, déchiré, toujours disponible, il n’a besoin ni de prise usb ni de connexion wifi. Juste d’un crayon qui le griffonne et le rature avec conviction.

  • Le journaling, les carnets de voyage sont des sources de prises de recul et de réappropriation de nos pensées et de nos journées. C’est bénéfique. Trouver dix ou vingt minute dans la journée pour les remplir à la main et en lenteur, c’est s’accorder un moment bienfaisant d’exploration intérieure. Avouez que notre développement personnel mérite bien cet « effort » !

Stylo, cahier, matériel de calligraphie

Alors, prêts à prendre un stylo ?

Pour ma part, c’est une façon d’écrire dont je me sers dans les domaines introspectifs et créatifs.

  • Pour le journaling, parce qu’écrire mes pensées à la main me procure l’impression physique de les expulser. Elles coulent de mon esprit, se mélangent à l’encre et deviennent mots via ma main qui les dépose sur la feuille. La circulation entre mon inconscient et mon conscient se rétablit. Prise de conscience et distanciation salutaire garantis.

  • Pour noter mes idées : un mini carnet me suit partout. J’y note en vrac des idées de posts pour le blog, des phrases inspirantes, des mots qui font écho, des germes de romans, des descriptions cocasses, des pistes de réflexion à explorer, des titres de livres à lire. Tout un petit bazar qui me sert de base pour des articles ou pour des créations personnelles.

  • Et pour mes carnets de voyage, parce que c’est la meilleure formule pour documenter les petits ou grands périples. Fiable, fidèle et ludique, le combo carnet-stylo (éventuellement additionné de ciseaux, colle et feutres/aquarelle) est toujours opérationnel dans un coin de mon sac. Une petite pause, et hop, je l’extirpe et y raconte à chaud mes aventures de la journée. Il ne se décharge pas, ne tombe jamais en panne. Se prête à mes multiples fantaisies : peinture flashy, herbes collées, prospectus en sur-épaisseur, bouts de tissu, paillettes, croquis moches, découpages aléatoires, il prend tout avec flegme. C’est mon meilleur ami (après mon amoureux).

Le reste du temps, j’écris du bout des doigts en tapotant sur mon clavier.

C’est bien aussi, c’est plus civilisé. So 3.0.

Mais ne nous leurrons pas : notre inspiration, notre pouvoir personnel, ne s’abreuvent véritablement qu’à la source du « sauvage ». Le « Ça » jungien, l’inconscient, ce genre de trucs. Sinon, on écrit plat, on pense conforme, on agit mécanique. Il se trouve que l’écriture manuscrite nous ouvre cet accès, alors profitons-en!

A travers cet article, j’espère vous avoir donné envie d’utiliser ses atouts.

Et vous, pratiquez vous l’écriture manuscrite ? N’hésitez pas à partager vos expériences dans les commentaires. C’est toujours un plaisir de vous découvrir.

Merci de m’avoir lue et à bientôt sur Walkaway.