RIEN NE SE PERD
Aujourd’hui, quelques mots sur « Rien ne se perd ». Un polar noir de Chloé Mehdi, dont j’ai adoré l’ambiance ultraréaliste et le regard acéré de l’auteur.
« Rien ne se perd » est paru aux éditions Jigal en 2016, et J’ai Lu en 2017.
Résumé :
Mattia a onze ans. Son père s’est suicidé après un long séjour en hôpital psychiatrique. Sa mère a alors préféré le confier à un tuteur : Zé, un ancien ami de son père.
Depuis, le jeune garçon vit chez ce dernier avec Gabrielle, sa compagne suicidaire, dans une ambiance aussi affectueuse que marquée par la dépression. Mais entre son travail de nuit et les nombreuses tentatives de suicide de Gabrielle, Zé s’avère moins disponible que prévu. Mattia a donc tout pour être perturbé. Or il est étonnamment solide et lucide pour son âge. Certes il est souvent livré à lui-même et sèche souvent les cours, mais il se sent bien avec Zé.
Quelques années plus tôt, les flics ont tiré sur le jeune Saïd lors d’un contrôle en banlieue. Pourtant l’assassin a été relaxé, provoquant l’insurrection du quartier. Le père de Mattia a sombré suite à ces événements. Des années plus tard, des individus louches tournent autour du jeune garçon et de son tuteur, et des portraits de Saïd sont taggés sur tous les murs de la ville. Mattia, intrigué, se pose de plus en plus de questions.
Comme les adultes lui cachent tout, il va devoir découvrir la vérité tout seul.
Mon avis sur « Rien ne se perd »:
Le jeune Mattia porte beaucoup sur ses épaules : folie, suicide, abandon, injustice…Ça pourrait être trop, pourtant ça ne l’est pas. On est à l’intérieur de son esprit, grâce à l’écriture toute en justesse de Cloé Mehdi. De cette façon, on traverse ce monde glauque et déprimant avec la même incompréhension, la même rage calme que Mattia.
Même si tout est déglingué, l’histoire ne tombe pas dans le pathos car au sein de cet environnement dysfonctionnel l’affection prédomine et tient les gens entre eux. A leur manière, il sont tous sont fracassés par la société deux poids – deux mesures qui est la nôtre, et sont tous émouvants.
« Rien ne se perd » est un très bon polar noir, sociologique, contemporain, qui pourrait se dérouler à deux pas de chez nous. Ce roman est une dénonciation sans manichéisme de l’injustice sociale qui règne en banlieue. Et aussi de la violence des hospitalisations psychiatriques. Il fallait le regard innocent d’un enfant pour rendre cette histoire digeste, et le jeune Mattia endosse le rôle à la perfection. Compliments à l’auteur !
https://m.editions-jclattes.fr/cloe-mehdi
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